ou comment transformer la crise climatique en opportunité
Ateliers thématiques, stands, pitch corner… Cotonou a été sur le devant de la scène climatique pendant 2 jours. La capitale béninoise a en effet accueilli du 27 au 28 octobre 2025 le 6e sommet de Climat Chance Afrique, regroupant plus d’un millier de décideurs politiques, experts et acteurs de la société civile venus d’Afrique et d’ailleurs. All4trees a eu le plaisir de participer à l’évènement, qui portait cette année sur la thématique « Energies renouvelables, adaptation et biodiversité : enjeux et perspectives ».

l’afrique, acteur clé de la lutte contre les changements climatiques
Le constat présenté pendant le sommet est sans appel : l’Afrique, qui ne représente que 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, est pourtant le continent le plus impacté par les conséquences des changements climatiques, avec des défis spécifiques tels que la croissance démographique ou encore l’accès au bois-énergie.
Cependant, loin d’être seulement victime des changements climatiques, l’Afrique est aussi un véritable territoire d’innovation et d’inspiration. Le continent dispose en effet d’un important potentiel en énergies renouvelables ou encore en capital humain. Le sommet a notamment permis de mettre en lumière plusieurs exemples concrets de savoirs locaux inspirants, allant de la valorisation énergétique des déchets à l’agriculture régénérative, en passant par les mécanismes de préservation coutumière, tels que les forêts sacrées.
L’enjeu consiste à transformer ce potentiel en une prospérité durable et inclusive pour ses populations. La feuille de route présentée à l’issue du sommet appelle l’Afrique à contrôler et à valoriser ses vastes ressources plutôt que de continuer à se contenter d’une extraction brute qui aggraverait les inégalités et la dégradation de l’environnement.

CRédits carbone et certficats biodiversité : un débat toujours d’actualité
Autre défi de taille : le financement des efforts d’atténuation et d’adaptation. Dans un contexte de crise du multilatéralisme et de réduction de l’aide publique au développement, les crédits carbone et certificats biodiversité ont été mis en avant lors du sommet comme un puissant levier de financement potentiel, sous réserve de regagner la confiance fragilisée par les scandales passés. Plusieurs modèles sont actuellement expérimentés sur le continent, allant des crédits carbone « traditionnels » aux certificats biodiversité en cours de structuration, en passant par des modèles hybrides.
Une voix alternative a cependant été portée par certains représentants de la société civile, notamment la Caravane Africaine pour le Climat, afin de mettre en garde face aux multiples dérives possibles : logique de compensation au détriment des efforts de préservation, mécanismes de certification coûteux et pas toujours garants de l’impact réel, invisibilisation des enjeux socio-économiques… Le débat est suivi de près par all4trees, qui a déjà alerté par le passé sur les risques associés aux mécanismes de financement carbone et biodiversité. Comme pour les matières primaires, il est évident que les financements privés ne sauront profiter au continent sans cadre règlementaire précis ni gouvernance partagée.

un seul et même combat
Pour all4trees, cet événement était également l’occasion de s’inspirer des initiatives innovantes mises en œuvre sur le continent africain et d’enrichir son réseau de partenaires. Le point fort du sommet réside notamment dans la convergence réussie de ces deux agendas internationaux que sont la lutte contre les changements climatiques et la préservation de la biodiversité. Comme l’a souligné Ronan Dantec, président de Climat Chance, « on ne peut pas parler de climat sans parler de biodiversité. » Les ateliers thématiques ont ainsi porté, entre autres, sur les solutions fondées sur la nature, les corridors de biodiversité et l’avenir de l’éléphant en Afrique de l’Ouest.
La plénière de clôture a permis de rassembler toutes ces voix et de rappeler que la préservation de la planète ne peut se faire sans coopération entre acteurs ; en témoigne la création de deux nouvelles coalitions, à savoir l’Alliance des villes côtières d’Afrique de l’Ouest et le Réseau ouest-africain sur l’éléphant. Le défi consiste désormais à transformer la feuille de route en actions concrètes et à réussir à porter la voix du continent lors de la COP sur les changements climatiques qui se tiendra du 10 au 21 novembre à Belém au Brésil. Autant dire que le véritable travail commence maintenant, une fois les banderoles remballées et les lumières du Palais des Congrès, éteintes.