Mettre en place des outils pour mesurer les impacts de projets de reboisement tropicaux : tel est l’objectif passionnant de ma mission de volontariat de solidarité internationale pour all4trees ! Cette mission m’amène à travailler auprès de quatre porteurs de projet différents, dans pas moins de quatre pays et sur des aspects aussi variés que la biodiversité, la structure du sol, les ressources alimentaires et énergétiques, l’économie et la gouvernance. En cette fin de saison des pluies, les activités battent leur plein au Bénin.
au travail !
Qui dit saison des pluies, dit période d’effervescence dans le département du Zou au Bénin : travaux agricoles, reboisement… C’est en ces mois que le niveau d’eau de la forêt marécageuse Hlanzoun atteint son niveau maximal, couvrant de vastes zones. Malheureusement, les pluies se sont faites rares cette année, et les derniers orages de la saison ne suffisent pas à combler le vide.
Si les agriculteurs rencontrent de sérieuses difficultés, le sol est toutefois suffisamment gorgé d’eau pour ne pas mettre en péril les activités de restauration forestière. Fin octobre, j’ai ainsi le plaisir de donner un petit coup de main lors du lancement de la saison de reboisement d’ECODEC Bénin, le partenaire local d’Humy.

De la campagne de reboisement à la campagne d’enquêtes
Pendant que la mise en terre des jeunes plants se poursuit, nous nous lançons avec Saturnin, animateur d’ECODEC Bénin, dans un programme ambitieux d’enquêtes socio-économiques. Le questionnaire appliqué est quelque peu différent de celui qui avait été utilisé au Sénégal et à Madagascar, puisqu’il s’adresse spécifiquement aux acteurs économiques qui ont bénéficié d’un appui direct dans le cadre du projet, soit une quarantaine de micro-pépiniéristes, apiculteurs et entrepreneuses. Pour l’occasion, nous avons intégré, outre les questions habituelles sur les conditions de vie et l’alimentation, des questions plus spécifiques destinées à quantifier l’évolution des revenus et à caractériser l’environnement de travail.

Ainsi, d’enquête en enquête, et de récit en récit, les impacts du projet prennent peu à peu vie : en témoigne l’histoire de ce micro-pépiniériste qui a pu délaisser la production de vin de palme pour consacrer ses vieux jours à une activité moins laborieuse ; l’histoire de cette commerçante dont les revenus permettent de faire face aux pertes répétées des récoltes agricoles ; ou encore le témoignage de cet apiculteur, ex-chasseur, qui nous raconte fièrement comment sa récolte de miel a permis de couvrir sa dot de mariage, pendant que ses pièges prennent la poussière dans un coin de la pièce.
Vous avez dit… ?
Nous profitons aussi de l’occasion pour tester de nouvelles méthodologies d’enquête participatives, tel le recours à des images pour représenter les groupes alimentaires ou encore l’utilisation de pierres pour aborder la composition et l’évolution des revenus. Tout est mis en œuvre pour faciliter l’expression des bénéficiaires, dont beaucoup ne sont pas forcément à l’aise avec les chiffres et les pourcentages.

Le rôle de Saturnin en tant que traducteur et intermédiaire culturel, est essentiel – et ce même dans le cas où notre interlocuteur parle français ! En effet, ma façon de s’exprimer est très différente du français populaire parlé dans les villages béninois, et pas toujours compréhensible pour les bénéficiaires.
S’ensuivent alors des dialogues insolites à trois voix, où la langue française est célébrée dans toute sa diversité. Pour moi, c’est une belle façon de m’imprégner de la culture béninoise. Ce premier mois aurait été intense mais productif ou, comme on dirait en français béninois : on a fait un peu !