Mettre en place des outils pour mesurer les impacts de projets de reboisement tropicaux : tel est l’objectif passionnant de ma mission de volontariat de solidarité internationale pour all4trees ! Cette mission m’amène à travailler auprès de quatre porteurs de projet différents, dans pas moins de quatre pays et sur des aspects aussi variés que la biodiversité, la structure du sol, les ressources alimentaires et énergétiques, l’économie et la gouvernance. Cette fois-ci : focus sur les multiples services écologiques fournis par les forêts sénégalaises.

Le marathon des forêts

Ça y est, nous avons pu commencer les relevés dendrométriques et pédologiques au Sénégal ! Ces trois dernières semaines ont été un véritable marathon forestier avec pas moins de 4 sites inventoriés, 27 placettes permanentes installées et des dizaines de paramètres relevés. Nous avons ainsi mesuré le diamètre et la hauteur des arbres, scruté les strates basses à la recherche de signes de régénération, relevé la présence de dendro-microhabitats et de bois mort, observé la structure du sol, étudié la macrofaune… Et bien plus encore !

Un travail conséquent qui n’aurait pas été possible sans l’implication des différentes parties prenantes, des volontaires forestiers du projet aux agents du Service des Eaux et Forêts, sans oublier le personnel de l’Agence Régionale de Développement de Fatick. Que ce soit pour mesurer le diamètre d’un arbuste épineux, compter de minuscules insectes ou réaliser un prélèvement à la tarière – le tout sous un soleil impitoyable –, ceux-ci ont toujours répondu présents et ont contribué, par leurs réflexions, à améliorer le protocole.

L’étude de la macrofaune du sol, un travail d’équipe

A gauche : à la recherche de la macrofaune du sol à Malka

A droite : comptage de la macrofaune capturée dans un piège barber à Djilor

Une organisation bien rodée

Dans chaque forêt, nous suivons le même schéma : un rappel des enjeux de la mission et une présentation détaillée du protocole de relevés dendrométriques, avant de passer à la pratique. Les participants n’en étant pas à leur premier inventaire forestier, la prise en main est rapide et, très vite, les informations fusent :

• « Acacia seyal, hauteur 3, diamètre 12, coulée de sève »
• « Combretum glutinosum, hauteur 6, 2 tiges, diamètres 6 et 14, pas d’habitats »
• « Bois mort sur pied, hauteur 1, diamètre 20, bois frais »

Toutes les données transmises sont enregistrées scrupuleusement sur une tablette. En général, les participants ont seulement besoin d’un demi-mot pour se comprendre, et efficacité paramilitaire aidant, nous enchaînons rapidement les relevés.

La deuxième partie du protocole, celle qui concerne l’observation et l’analyse du sol, est en revanche synonyme de nouveauté pour les personnes présentes, c’est pourquoi nous la réservons généralement pour les derniers jours de terrain, une fois la première partie du protocole bien assimilée. S’il leur demande de sortir de leur zone de confort, le protocole pédologique n’en suscite pas moins un grand intérêt de la part des participants, bien conscients des interactions multiples entre sols et forêts.

De gauche à droite : relevés dendrométriques à Malka, piège barber et observation de dendro-microhabitats dans la forêt de Takkite

Un cadre de travail privilégié

Le décor de tous ces relevés ? Quatre forêts bien distinctes qui reflètent la diversité de paysages qu’on peut trouver dans la région de Fatick : la forêt dense de Djilor, la savane épineuse de Malka, la forêt éparse de Takkite et la rôneraie majestueuse de Samba Dia.

Aussi différentes soient elles, ces forêts partagent toutes un point commun : dans une région menacée par la salinisation et la désertification, elles constituent de véritables oasis de verdure et de vie – en témoignent les différentes essences d’arbres rencontrées, les signes de régénération observées ou encore les singes et les oiseaux qui nous épient avec une curiosité certaine pendant que nous nous affairons dans leur habitat… Autant d’indices prometteurs suggérant que les actions de préservation et de restauration menées depuis plusieurs années commencent, petit à petit, à porter leurs fruits !