Mettre en place des outils pour mesurer les impacts de projets de reboisement tropicaux : tel est l’objectif passionnant de ma mission de volontariat de solidarité internationale pour all4trees ! Cette mission m’amène à travailler auprès de quatre porteurs de projet différents, dans pas moins de trois pays et sur des aspects aussi variés que la biodiversité, la structure du sol, les ressources alimentaires et énergétiques, l’économie et la gouvernance. Pendant ce mois d’août, je retourne sur les Hautes Terres malagasy pour poursuivre les relevés.

 

 

Un voyage mouvementé

Après 250 ménages enquêtés et presqu’autant de kilomètres parcourus, dont 170 à la seule force des jambes, le temps est venu pour moi de quitter le Makay pour retourner sur les Hautes Terres malagasy. Cependant, c’est plus simple à dire qu’à faire !

A gauche : départ à l’aube pour rejoindre en charrette le village de Tsivoko, avec le massif du Makay en arrière-plan

A droite : enquête dans le village de Tanamary

En effet, les véhicules qui circulent chaque semaine sur la piste entre Beroroha, où se trouve le bureau de Naturevolution, et Ranohira, sur la route nationale, se comptent sur les doigts d’une main, et le premier taxi-brousse ne part pas avant deux jours. Le jour J, j’ai la chance de pouvoir monter à l’avant, tandis que les autres passagers s’entassent à l’arrière, sur le toit de la voiture ou sur le capot avant. La joie est de courte durée, toutefois. Rapidement, le taxi-brousse commence à montrer de premiers signes de faiblesse et à mi-chemin, nous descendons pour alléger le véhicule dans une montée. Les 2 kilomètres de marche deviennent 4 kilomètres, puis 14, puis 23… Bientôt, il faut se rendre à l’évidence : nous n’allons pas revoir le taxi-brousse de sitôt. Un pneu crevé et un pneu éclaté ont eu raison du véhicule. Heureusement, une famille nous accueille pour la nuit et je peux partager une couverture et une case avec une dizaine de villageois. En l’absence de moyen de transport alternatif, nous finissons par rallier les 50 kilomètres restants à pied. Le taxi-brousse, lui, arrivera deux jours et demi plus tard à destination, avec l’ensemble de nos bagages.

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Première tentative de réparation du taxi-brousse, sous l’œil intéressé des villageois
Première tentative de réparation du taxi-brousse, sous l’œil intéressé des villageois

Une fois mes affaires récupérées, il ne me reste « plus » que deux jours de route nationale caillouteuse pour rejoindre la capitale, où je récupère mon ordinateur que j’avais dû évacuer du Makay après qu’il ne soit tombé en panne en pleine forêt d’Azohy. Au final, il m’aurait fallu une semaine pour parcourir une distance de 400 km à vol d’oiseau, soit bien plus que le temps nécessaire pour parcourir les 8 000 km qui séparent le Sénégal de Madagascar !

 

Une course contre la montre

Sur les Hautes Terres, je suis contente de retrouver un peu de confort, mais il n’y pas temps à perdre : je ne dispose plus que de deux semaines pour finaliser le questionnaire d’enquête, recruter des enquêteurs et contacter les ménages avec l’aide précieuse de l’équipe de Cœur de Forêt. Pari tenu, puisque mi-août nous démarrons les enquêtes dans les alentours de Mandoto.

 

Enquête dans le village d’Ambohimena, près de Mandoto
Enquête dans le village d’Ambohimena, près de Mandoto

Cette fois-ci, les motos constituent notre moyen de locomotion principal ; elles nous permettent d’aller au plus près des bénéficiaires des actions de reboisement et de sensibilisation de Cœur de Forêt, y compris dans les villages éloignés. Du fait de l’étendue de la zone et des problèmes de réseau, il n’est pas toujours facile de localiser les ménages. Heureusement, les équipes locales et les villageois sont toujours prêts à nous accompagner à vélo ou en moto pour nous indiquer le chemin.

Carte des zones d'enquêtes
Carte des zones d'enquêtes
De nouveaux indicateurs à creuser

Entre deux sessions d’enquête socio-économique, j’accompagne l’équipe de reforestation à Ibity, pour la réalisation d’analyses du sol et l’acquisition de références sur la dynamique de croissances des espèces les plus plantées par l’association. Cœur de Forêt Madagascar travaille en effet depuis plusieurs années sur la mise en place de protocoles de suivi des impacts de ses actions. Celles-ci permettent entre autres de collecter des données sur la végétation herbacée et arborée des parcelles reboisées ainsi que sur la structure et composition des sols. Les recommandations des équipes locales vont permettre d’alimenter le développement des outils de suivi d’all4trees. Un bel exemple de partage d’expérience fructueuse à l’échelle du collectif !

A gauche : mesure de la hauteur et du diamètre d’un échantillon d’arbres à Ibity

A droite : réalisation d’un test Beerkan pour mesurer la vitesse d’infiltration de l’eau dans le sol

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