Mettre en place des outils pour mesurer les impacts de projets de reboisement tropicaux : tel est l’objectif passionnant de ma mission de volontariat de solidarité internationale pour all4trees ! Cette mission m’amène à travailler auprès de quatre porteurs de projet différents, dans pas moins de trois pays et sur des aspects aussi variés que la biodiversité, la structure du sol, les ressources alimentaires et énergétiques, l’économie et la gouvernance. Après plusieurs mois consacrés aux enquêtes socio-économiques, les relevés se poursuivent désormais avec des inventaires forestiers et des analyses pédologiques.
C’est l’heure de mettre la main… à la terre !
A la mi-septembre, je suis amenée à retourner dans plusieurs villages déjà visités dans le cadre des enquêtes socio-économiques. Cependant, cette fois-ci, ce sont les arbres et le sol qui sont à l’honneur ! Accompagnée d’un prestataire externe et de plusieurs membres de l’équipe de Naturevolution, je vais de zone de reboisement en zone de reboisement pour tester le protocole d’inventaire mis au point en amont de la mission. Chaque arbre est compté, mesuré et observé, tandis que le sol n’est pas en reste. Chaque zone est ainsi soumise à une batterie de tests pour mieux comprendre ses caractéristiques et, à terme, son évolution : observation de la structure du sol, étude du risque d’érosion, mise en place de pièges et tri à la main d’échantillons de terre pour relever la présence d’invertébrés comme les limaces, les vers de terre, les carabes et les araignées. En effet, ceux-ci ont beaux être petits, leur présence et abondance offre des indices précieux concernant la santé des sols et de l’écosystème au sens large !
A gauche : mise en place d’un piège barber fait maison à Tsarahonenana
A droite : Mahasambatra, représentant local de Naturevolution à Tsarahonenana, examine un bloc de terre à la recherche des animaux du sol
La plupart des zones de reboisement sont situées légèrement à l’écart des villages et accessibles uniquement à pied. Deux ou cinq kilomètres de marche peut sembler peu, mais c’est sans compter tout le matériel de mesure à apporter ! Par exemple, pour réaliser un seul test beerkan, composé de dix versements successifs d’eau destinés à mesurer la perméabilité du sol, il faut ainsi compter pas moins de 3 litres d’eau. En l’absence de puits à proximité de la zone de reboisement, on est donc techniquement limité par le nombre de tests qu’on peut réaliser, à moins d’affréter une charrette à zébu ! Comme pour chaque outil, le défi consiste à trouver un équilibre entre précision de mesure et pragmatisme. On finit par opter pour la réalisation de quatre tests beerkan par zone de reboisement, soit deux bidons d’eau à acheminer en deux cargaisons successives, en plus des autres outils : un GPS, un mètre-ruban, l’incontournable angady (pelle), et bien plus !
A gauche : les déplacements entre villages se font, comme de coutume, en charrette à zébu
A droite : pour rejoindre les zones de reboisement depuis les villages, la marche est de rigueur !
Retour à la case départ
La mission est déjà bien entamée, avec deux zones de reboisement visitées sur quatre, lorsque nous apprenons que le prestaire externe a fait preuve d’un comportement inapproprié envers une des membres de l’équipe. Heureusement, nous pouvons intervenir avant que la situation ne dérape. Une décision difficile mais nécessaire s’impose : nous devons interrompre la mission. Dans notre malheur, nous avons cependant de la chance. Seuls dix kilomètres de marche nous séparent du village principal le plus proche, où un véhicule nous attend avant de prendre la route. Sept heures de taxi-brousse plus tard (panne habituelle incluse), nous sommes de retour au bureau de Naturevolution à Malaimbandy, où nous pouvons mettre fin au contrat de prestation et nous assurer de la bonne prise en charge de la personne affectée. Il s’avère en revanche trop complexe de recruter et faire venir dans le Makay un autre prestataire, en tout cas à court terme. Pour moi, l’heure est donc venue de rentrer à Antsirabe pour faire le bilan de la mission et voir quand et sous quelle forme on peut poursuivre les relevés entamés.
Entre labour de champ et travail de bureau
Arrivée à Antsirabe, je peux aussitôt retrousser mes manches. Au programme en cette fin de mois de septembre : une réunion d’équipe et une journée de travail à la pépinière de Cœur de Forêt à Ibity. En effet, les préparatifs de la prochaine saison de plantation ont pris leur envol et un petit coup de main n’est pas de trop. Pour nous, c’est aussi l’occasion d’apprendre à mieux se connaître tout en plantant des graines ou en labourant un champ !
Travail d’équipe à la pépinière de Cœur de Forêt à Ibity
Le retour à Antsirabe signifie aussi le retour au bureau. Le terrain a accaparé la majorité de mon temps pendant ces quatre derniers mois – quatre mois intenses et passionnants, pendant lesquels j’ai enchaîné les déplacements, les rencontres et les aventures, et pendant lesquels j’ai dû passer tout au plus dix jours derrière un ordinateur ! Pendant ce temps-là, les données collectées attendaient patiemment le moment où elles seraient analysées. Il est temps de se poser, de reprendre un rythme de travail régulier et de réapprendre à se servir d’un ordinateur !
Add Comment