Mettre en place des outils pour mesurer les impacts de projets de reboisement tropicaux : tel est l’objectif passionnant de ma mission de volontariat de solidarité internationale pour all4trees ! Cette mission m’amène à travailler auprès de quatre porteurs de projet différents, dans pas moins de quatre pays et sur des aspects aussi variés que la biodiversité, la structure du sol, les ressources alimentaires et énergétiques, l’économie et la gouvernance. Le mot d’ordre ce mois-ci : préparer, préparer… et improviser !

Des singes et des arbres

Une nouvelle année de mission s’entame et, avec elle, de nouveaux relevés ! Au Sénégal, les préparatifs des inventaires forestiers battent leur plein, l’objectif étant de démarrer les relevés avant le mois de Ramadan et le début de la période (la plus) chaude. En ce mois de février, une première mission préparatoire est organisée en présence de l’Institut National de Pédologie – l’organisme de référence en matière de sols – et du Service des Eaux et Forêts – l’entité tutelle en matière de forêts. La route nous mène aux quatre coins de la région, de Djilor à Samba Dia et de Ndiob à Malka, en passant par des forêts épineuses et des rôneraies majestueuses. C’est l’occasion d’affiner le protocole d’inventaire, de prendre les coordonnées GPS de points stratégiques et surtout, d’impliquer l’ensemble des parties prenantes dans la démarche.

A gauche : visite de la rôneraie de Samba Dia

A droite : baobab solitaire près de Soum

Comme le dit le proverbe wolof « ndank ndank mooy japp golo ci ñaay » : c’est en allant doucement qu’on attrape le singe dans la forêt ! Loin de nous l’idée d’importuner la faune locale, toutefois ! Bien au contraire : en collectant des données sur la végétation (diversité des essences, hauteur de la canopée, présence de dendro-microhabitats…), nous cherchons à connaitre et à suivre les conditions propices au maintien de la biodiversité.

Ce que montre surtout ce proverbe, c’est l’importance de prendre son élan, voire de revenir en arrière, pour mieux avancer ensuite. Le ndank ndank, c’est le rythme du Sénégal, où la précipitation n’existe pas et où les choses suivent leur propre cours. Le ndank ndank, c’est aussi le rythme de la mesure d’impact, où on prend le temps de regarder en arrière, de s’interroger sur sa démarche, de se remettre en question, pour mieux aller de l’avant ensuite. Doucement mais sûrement !

Vous avez dit enquêtes ?

Tous ces nouveaux relevés ne doivent pas nous faire oublier le travail d’enquête socio-économique réalisé mi-2024. 401 ménages consultés, cela fait beaucoup de données à analyser ! Comme pour la collecte de données, nous optons pour une approche collaborative, qui accorde une place centrale aux agents de l’Agence Régionale de Développement de Fatick, le partenaire local d’Initiative Développement au Sénégal. Un premier atelier de travail nous permet de passer en revue les étapes à suivre, du nettoyage des données brutes jusqu’à la présentation des résultats, et d’entamer ensemble l’analyse et l’interprétation des données collectées.

Autre étape essentielle : la présentation des résultats de l’enquête aux parties prenantes du projet, et en premier lieu aux autorités locales à l’occasion de l’atelier de clôture de la phase I du projet. Petite surprise : j’apprends le jour J qu’un créneau a été dégagé dans le programme pour que je puisse présenter notre travail. Une très bonne nouvelle, mais me voilà sans beaux graphiques pour valoriser les résultats obtenus. Heureusement pour moi, les ateliers ne démarrent jamais exactement à l’heure prévue (ndank ndank) ce qui me laisse un peu de temps pour élaborer ma présentation. Préparer, c’est bien ; savoir improviser, aussi !