Mettre en place des outils pour mesurer les impacts de projets de reboisement tropicaux : tel est l’objectif passionnant de ma mission de volontariat de solidarité internationale pour all4trees ! Cette mission m’amène à travailler auprès de quatre porteurs de projet différents, dans pas moins de trois pays et sur des aspects aussi variés que la biodiversité, la structure du sol, les ressources alimentaires et énergétiques, l’économie et la gouvernance. En cette fin de saison sèche, je retourne une dernière fois dans les villages du Makay pour achever le travail entamé au mois de juin et juillet.

 

C’est reparti pour une session d’enquête dans le Makay !

Après avoir terminé les enquêtes à Mandoto, je poursuis ma route vers l’ouest, jusqu’au bureau de Naturevolution à Malaimbandy, où m’attendent une nouvelle équipe d’enquêteurs à former, de nouveaux villages à visiter et de nouveaux questionnaires à appliquer. En effet, après les habitants du Makay Sud au mois de juillet, c’est maintenant au tour de ceux du Nord de s’exprimer sur leur situation économique, alimentaire et énergétique.

Carte des zones d'enquêtes
Carte des zones d'enquêtes
Un trajet plein de surprises

Comme dans tous les villages où je suis passée, de nombreux jeunes et moins jeunes se regroupent autour de nous, intrigués par la présence de visiteurs et fascinés par les smartphones que nous utilisons pour le déploiement du questionnaire.

Villageois réunis à Ankerika lors de la présentation de l'enquête
Villageois réunis à Ankerika lors de la présentation de l'enquête

Chaque jour apporte aussi son lot de surprises : trouvera-t-on des personnes prêtes à participer à l’enquête, un peu de riz et des loaka (accompagnements) pour le repas, et un toit pour la nuit ? Comme beaucoup de villages n’ont pas de réseau et qu’on ne peut pas prévenir les habitants de notre arrivée, tout est possible ! Parfois, nous tombons sur un village en deuil ou en fête. En effet, en ce mois de septembre, les mariages, circoncisions et famadihana (retournements de mort) battent leur plein et nous sommes régulièrement accueillis par des tirs de joie. Or, ces grands événements mobilisent parfois un village entier ! Nous n’avons alors d’autre choix que d’adapter notre plan d’échantillonnage. Comme 5 ou 6h de marche à pied ou charrette séparent parfois les villages, il n’est pas toujours possible de planifier un autre passage.

Tous à l’abri !

Le mois de septembre marque également le début de la période chaude. Chaque jour, nous débutons le travail aux aurores, vers 5h, de façon à pouvoir nous réfugier à l’ombre lorsque le soleil est au plus fort, entre 11 et 16h. C’est aussi le meilleur moment de la journée pour rencontrer les villageois, avant leur départ aux champs ou à la rivière.

Qui dit saison sèche, dit aussi feux de brousse. Avec la chaleur ambiante, il suffit d’une petite étincelle pour qu’une zone entière s’embrase. Les causes sont multiples : pour les villageois, c’est un moyen de générer temporairement des jeunes pousses appréciées par les zébus, de remettre en culture une terre, de nettoyer les alentours d’un champ, de se débarrasser des déchets, ou encore d’exprimer leur mécontentement politique. C’est là qu’interviennent les actions de sensibilisation menées par Naturevolution. Cependant, la culture du feu est profondément ancrée dans les habitudes et les changements prennent du temps. A Mavoravy, alors même que nous réalisons les enquêtes, ce sont les alentours directs du village qui partent en fumée, malgré les efforts des habitants pour éteindre le feu avec quelques branches et la rare eau disponible. Lorsque nous reprenons la route, nous laissons derrière nous un paysage désolant d’herbes et d’arbres brûlés.

 

A gauche : feu de brousse à Mavoravy

A droite : quelques mois après le passage du feu, les herbes hautes prennent une teinte rouge caractéristique

 

Les joies et peines de la route

Malgré la chaleur, le travail à réaliser et les aléas de la route, je mesure régulièrement ma chance. C’est notamment le cas lorsqu’un lever de soleil magnifique nous attend sur la route, lorsqu’on tombe de façon inespérée sur un 4×4 qui peut nous avancer, ou encore lorsqu’une famille propose spontanément de nous héberger le temps de quelques nuits. Chaque pas, chaque enquête réalisée nous rapproche un peu plus d’une meilleure compréhension des impacts des actions de reboisement et de préservation des forêts sur le plan socio-économique. Et il faut le dire : en Europe, peu nombreuses sont les personnes qui ont l’opportunité de commencer leur journée de travail en charrette à zébu !

A gauche : l’équipe d’enquêteurs du Makay Nord en route pour Tsarahonenana

A droite : même en 4×4, on ne peut pas se permettre de se reposer sur ses lauriers !

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