La dégradation des forêts et la déforestation affectent fortement la biodiversité terrestre
Les forêts abritent 80% de la biodiversité terrestre, soit de nombreuses espèces végétales et animales dans leur sol, sous-bois et canopée. La biodiversité des forêts ne se résume donc pas seulement à la diversité des espèces d’arbres présentes, mais également aux autres plantes, animaux, insectes, petits et micro-organismes, champignons et bactéries se trouvant en forêt.
Ainsi, les forêts fournissent un habitat à près de 5 000 espèces d’amphibiens (80% de toutes celles qui sont connues), 7 500 espèces d’oiseaux (75% de tous les oiseaux) et plus de 3 700 mammifères différents (soit 68% de l’ensemble de leurs espèces).
Cependant, la déforestation et la dégradation sont l’une des plus grandes causes d’érosion de la biodiversité, entrainant la fragmentation et la disparition des habitats naturels. On estime ainsi que 27 000 espèces végétales et animales disparaissent chaque année.
Les forêts, un habitat pour :
La biodiversité des forêts primaires est irremplaçable
Les forêts primaires sont plus riches en biodiversité que les forêts secondaires ou les plantations. Certains animaux ou insectes sont très réactifs aux perturbations et ne se répartissent que dans des écosystèmes relativement peu perturbés par les activités humaines.
Cependant, entre 2000 et 2013, les forêts intactes (> 500 km ² sans pression humaine) ont subi une réduction de 7% de leur superficie dans le monde, avec une réduction particulièrement rapide dans les régions tropicales, mettant en danger la biodiversité unique de ces écosystèmes.
Dans les faits
Une déforestation, même minime, peut générer un déclin drastique de la biodiversité
Une étude de 2022, analysant les effets de la déforestation sur les poissons d’eau douce et les mammifères autour des fleuves Maroni (frontière entre la Guyane française et le Surinam) et Oyapock (frontière entre la Guyane française et le Brésil), montre que la déforestation, même minime, peut avoir des effets importants sur un écosystème jusque là peu impacté par les activités humaines. Ainsi, une déforestation de 11% du site étudié a mené à un déclin de 25% des poissons et de 41% des mammifères.
Dans ce cas, la déforestation ayant lieu est liée à l’exploitation de l’or, qui en plus du déboisement entraîne de multiples dégradations des écosystèmes forestiers et aquatiques (pollution et perturbation des sols et des cours d’eau).
L’indispensable diversité génétique des forêts
Au sein d’une même espèce, la diversité génétique est indispensable au bon état de la population, elle garantit la qualité du processus d’adaptation et d’évolution de l’espèce face aux évolutions de son milieu.
Chaque arbre contient des variations génétiques qui le différencient des autres membres de son espèce et des autres espèces. Ces variations génétiques sont continuellement renouvelées lors de la pollinisation et des mutations, et la sélection naturelle participe à faire évoluer la présence de certaines variations génétiques, en favorisant la présence des variations mieux adaptées aux conditions environnementales changeantes.
Source : The state of world’s forest genetic resources, FAO, 2014
Dans les faits
La déforestation et la fragmentation des forêts mettent en danger leur diversité génétique
La diversité génétique des arbres dépend notamment des animaux et insectes vivant en forêt : les oiseaux participent à la dispersion des graines et donc au maintien de la diversité et la répartition des espèces végétales en forêt. Les pollinisateurs quant à eux pollinisent les différents individus d’une même espèce, permettant une bonne diversité génétique au sein d’une espèce. Si les populations de pollinisateurs diminuent, les végétaux ont tendance à s’auto-féconder, réduisant petit à petit leurs variations génétiques, et donc diminuant leurs capacités d’adaptation à leur milieu.
La déforestation, la fragmentation des forêts, la surexploitation de certaines espèces, les changements climatiques, les modifications des régimes de feux et les espèces invasives sont des <a ” href=”https://www.fao.org/3/i3825e/i3825e.pdf”>facteurs de réduction de la diversité génétique des forêts. Une fois la diversité génétique diminuée, les populations sont moins résistantes aux aléas environnementaux et plus susceptibles de disparaitre.
Crédits photo © Jeremy Bezanger (unsplash)
Les humains dépendent fortement de la biodiversité forestière
Les êtres vivants ont une valeur intrinsèque et sont à préserver. À ce titre, les humains dépendent également de cette biodiversité, particulièrement en forêt. En effet, ils utilisent la forêt pour l’alimentation (cueillette, chasse, pêche), le fourrage pour les animaux, l’énergie, le logement, les médicaments, parmi d’autres services.
Les produits forestiers non ligneux (produits issus de la forêt autres que le bois) représentent une source de revenu non négligeable et procurent une diversité nutritionnelle à des millions de personnes dans le monde.
Dans les faits
Préserver la biodiversité des forêts pour préserver la diversité alimentaire
Selon de nombreuses études, les populations ayant accès aux forêts et aux systèmes arborés consomment des fruits et légumes et ont une alimentation diversifiée. La diversité alimentaire traduit généralement un meilleur état nutritionnel, apport en micronutriments et apports énergétiques.
Ainsi, une étude de 2014 recoupant l’analyse du couvert arboré avec les régimes alimentaires dans 21 pays africains a constaté une plus grande diversité de l’alimentation des enfants là où le couvert arboré était plus important.
Au contraire, la déforestation peut entraîner une diminution de la diversité nutritionnelle. Une analyse dans 15 pays d’Afrique subsaharienne a montré un lien entre la réduction du couvert forestier et la réduction de la diversité alimentaire chez les jeunes enfants, en particulier la réduction de la consommation de légumineuses, noix, fruits et légumes.
Sources multiples : voir l’encadré 28, page 69 “Liens des forêts et des systèmes arborés avec la diversité des régimes alimentaires” du Rapport de la FAO “La situation des forêts du monde”, 2020
Sources :
- Vié, Hilton-Taylor et Stuart, La vie sauvage dans un monde en mutation – La Liste rouge de l’UICN des espèces menacées, IUCN, 2009
- Cantera, Coutant et al., “Low level of anthropization linked to harsh vertebrate biodiversity declines in Amazonia“, Nature Communications (2022)
- The state of world’s forest genetic resources, FAO, 2014
- Breed, M., Ottewell, K., Gardner, M. et al. Mating patterns and pollinator mobility are critical traits in forest fragmentation genetics. Heredity 115, 108–114 (2015).
- La situation des forêts du monde, FAO, 2020
- Rapport sur l’évaluation mondiale de la biodiversité et des services écosystémiques de l’IPBES, 2019
Cet article a été publié avec le soutien financier de l’Office français de la biodiversité, dans le cadre du programme de la Fresque de la Forêt développé et animé par la communauté all4trees.
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Les conséquences de la déforestation
La déforestation entraîne une destructions des écosystèmes participant à la fragmentation et la disparition des habitats naturels. Ceci entraîne par la même occasion la disparition des services écosystèmiques rendus par les forêts, essentiels à la vie. Pourtant, l’activité humaine est en train de détruire massivement les écosystèmes forestiers à l’échelle mondiale, menaçant ainsi sa propre pérennité
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