les 4 piliers de la sécurité alimentaire
La sécurité alimentaire de milliards de personnes est tributaire de l’état des forêts et est donc impactées par la déforestation. Selon la FAO (2020), les forêts contribuent aux 4 piliers de la sécurité alimentaire.
Disponibilité de la nourriture
Les forêts mettent à disposition de multiples ressources alimentaires (fruits 🫐, feuilles 🍃, animaux 🦌, noix 🥥, insectes 🦗…) et apportent des services écosystémiques essentiels à la production agricole (préservation des ressources en eau, de la santé des sols, habitat des pollinisateurs…).
Accès à la nourriture
En vendant des produits forestiers non ligneux (PFNL) : produits autres que le bois 🪵 comme les fruits 🍈, feuilles 🍃, miel 🍯, produits issus de la chasse 🦌), les populations, notamment les plus pauvres, obtiennent un revenu leur permettant d’acheter des denrées alimentaires.
Nutriments et énergie adéquates
Le bois 🪵 permet à de nombreuses personnes de cuire les aliments, purifier l’eau et fumer / sécher la viande pour la conserver. Les aliments issus des forêts apportent macronutriments et micronutriments favorisant un équilibre alimentaire.
Stabilité de la sécurité alimentaire
La cueillette 🫐, la chasse 🦌 et la pêche 🎣 issues des forêts et leur disponibilité en période de soudure, ainsi que les revenus procurés par la vente des produits forestiers non ligneux (produits autres que le bois) permettent d’éviter la dénutrition ou la malnutrition au cours de l’année.
La forêt, source de nourriture
La consommation alimentaire d’environ 1 milliard de personnes dépend d’aliments prélevés en milieu naturel : gibiers, insectes et produits végétaux comestibles, champignons et poissons (Burlingame, 2000). Selon certaines études, dans les pays en développement, les ménages dépendant le plus de ces ressources alimentaires forestières sont dans les tranches de population aux revenus les plus faibles. Ces ressources forestières sont aussi essentielles pour s’alimenter durant la période de soudure (période de l’année précédant les premières récoltes, durant laquelle les produits des dernières récoltes viennent à manquer).
Dans les faits
Quand les forêts favorisent la présence de poissons dans les rivières et les lacs
Dans les pays tropicaux, la richesse et l’abondance en poisson sont directement corrélables à la présence de massifs forestiers. La production de biomasse des poissons continentaux dépend en bonne partie de l’apport de matière organique terrestre (végétation et sols). Ainsi, au Nigéria, on observe une forte corrélation entre la consommation de poissons frais et la densité du couvert forestier.
La pêche continentale contribue énormément à la sécurité alimentaire de certaines populations, représentant parfois leur source primaire de protéines animales et de certains nutriments essentiels.
Crédits photo © Maarten Van Den Heuve (unsplash)
La forêt, source d’une alimentation diversifiée
Alors que les ressources alimentaires provenant des forêts ne représentent pas plus de 0,6% de la consommation alimentaire mondiale, elles sont une source essentielle de nutriments, vitamines et oligo-éléments.
Dans les faits
Apports en macronutriments et micronutriments des produits forestiers
Les aliments provenant des forêts sont source de macronutriments et micronutriments, essentiels à une alimentation équilibrée.
D’après une étude réalisée dans 22 pays d’Asie et d’Afrique, les communautés autochtones utilisent en moyenne 120 produits alimentaires sauvages par communauté. Parmi ces produits, les populations locales utilisent les feuilles des arbres et leurs fruits – par exemple, 10 à 20g de pulpe de fruits du baobab peut satisfaire les besoins journaliers en vitamine C d’un enfant. Les fruits à coque comptent également parmi les aliments possédant le plus de vertus nutritionnelles, par leur richesse en protéines, lipides, énergie, minéraux et vitamines.
Pour leur apport en protéines, les populations locales peuvent compter sur la pêche ou la viande de brousse. Ainsi, dans les bassins de l’Amazone et du Congo, la consommation de viande de brousse représente entre 60 et 80% des besoins quotidiens en protéines des populations. Aussi, d’après la FAO, les insectes sont une source d’alimentation non négligeable pour près de 2 milliards de personnes dans le monde.
Crédits photo © Maarten Van Den Heuve (unsplash)
Les services écosystémiques délivrés par les forêts favorisent la production agricole
Les forêts délivrent de nombreux services écosystémiques favorisant la production agricole :
- Elles préservent les sols de l’érosion en maintenant leur structure grâce à leurs racines, en produisant de l’humus avec leurs feuilles, et en protégeant le sol de la pluie et du vent.
- Elles protègent les ressources en eaux (voir la fiche dédiée)
- Elles régulent le climat local (voir la fiche dédiée)
D’autres services, plus discrets, comme la pollinisation sont également favorisés par les forêts, et menacés lorsqu’elle disparait ou est dégradée.
Dans les faits
Des cultures plus productives à proximité des forêts, habitat naturel des pollinisateurs sauvages
En Tanzanie, une évaluation nationale a révélé que les forêts jouent un rôle important dans l’agriculture, en tant qu’habitats naturels des pollinisateurs sauvages. Les cultures dépendant des pollinisateurs sauvages sont ainsi plus productives aux abords des forêts, et cette productivité diminue à mesure qu’augmente la distance entre la parcelle cultivée et les forêts. À plus de 2 à 3 km de la forêt, cet avantage disparaît.
Les forêts ne sont donc pas seulement essentielles comme réserve d’alimentation directe, mais également pour garantir une bonne productivité agricole, dont dépend la majorité de la population mondiale.
Crédits photo : Champ de céréales et forêt © Cédric VT (unsplash)
Sources :
- La situation des forêts du monde, FAO, 2020
- Burlingame, B. 2000. Editorial: Wild nutrition. Journal of Food Composition and Analysis, 13: 99–100.
- Angelsen, A., Jagger, P., Babigumira, R., Belcher, B., Hogarth, N.J., Bauch, S., Börner, J., Smith-Hall, C. et Wunder, S. 2014. Environmental income and rural livelihoods: a global-comparative analysis. World Development, 64: S12–S28. .
- Lo, M., Narulita, S. et Ickowitz, A. 2019. The relationship between forests and freshwater fish consumption in rural Nigeria. PLOS ONE
- Tanentzap, A., Szkokan-Emilson, E., Kielstra, B. et al. Forests fuel fish growth in freshwater deltas. Nat Commun 5, 4077 (2014).
- Bharucha, Z. et Pretty, J. 2010. The roles and values of wild foods in agricultural systems. Philosophical Transactions of the Royal Society B: Biological Sciences, 365(1554): 2913–2926.
- Mbora A., Jamnadass R. et Lillesø J.-P.B. 2008. Growing high priority fruits and nuts in Kenya: Uses and management. The World Agroforestry Centre, Nairobi.
- Coad, L., Fa, J., Abernathy, K., Van Vliet, N., Santamaria, C., Wilkie, D.S., El Biziri, H.R., Ingram, D.J., Cawthorn, D. et Nasi, R. 2019. Towards a sustainable, participatory and inclusive wildmeat sector. CIFOR, Bogor (Indonésie).
- The State of Food and Agriculture 2013 | FAO
- Tibesigwa, B., Siikamäki, J., Lokina, R. et al. Naturally available wild pollination services have economic value for nature dependent smallholder crop farms in Tanzania. Sci Rep 9, 3434 (2019).
Cet article a été publié avec le soutien financier de l’Office français de la biodiversité, dans le cadre du programme de la Fresque de la Forêt développé et animé par la communauté all4trees.
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