Les forêts françaises, une patiente au diagnostic alarmant

 

 

Un diagnostic sans appel

Dans un précédent article, nous faisions référence à l’état alarmant des forêts françaises. Si celle-ci était une patiente (dans tous les sens du terme), le diagnostic serait sans appel : faiblesse croissante en raison du changement climatique. Les remèdes ? Ils sont connus et étudiés : changer les pratiques de gestion forestière. Les prescripteurs ? La réponse est plus difficile, en raison de la multiplicité des enjeux soulevés.

Une nouvelle fois, ce triste constat a été étayé par l’inventaire national forestier réalisé par l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN) publié le 12 octobre 2023. Chaque année, cet organisme public établit un état des lieux précis et détaillé de l’évolution des forêts et de la ressource en bois. Leur constat sur l’état des forêts en France est simple : la mortalité des arbres explose et les dépérissements sont massifs. Le rapport le souligne d’emblée : « les forêts [sont] de plus en plus affectées par le changement climatique ».

 

Une santé déclinante

Contrairement à de nombreux pays, la surface couverte par les forêts en France augmente régulièrement depuis le siècle dernier : +85 000 hectares/an en moyenne depuis 1970, la forêt recouvrant 31 % du territoire hexagonal. Cette augmentation provient, notamment, de la déprise agricole et de la colonisation des anciennes parcelles de culture par une régénération naturelle de la forêt. Malheureusement, ce constat « positif » est fortement contrebalancé par la tendance de fonds révélé par les données collectées par l’IGN : les arbres disparaissent lentement et ils absorbent de plus en plus difficilement le dioxyde de carbone générés par les activités humaines. La mortalité des arbres a augmenté de 80 % et leur croissance est en baisse de 4 % par rapport à la décennie précédente. Près de 670 000 hectares sont désormais dépérissants, c’est-à-dire que 20% du peuplement ayant accès à la lumière sont morts depuis moins de 5 ans, ou qu’ils ont plus de 50 % de branches mortes dans la partie haute de leur feuillage. L’épicéa, le châtaigner et le frêne sont particulièrement touchés. Enfin, rappelons que la forêt française est jeune : dans l’Hexagone, 50 % des arbres ont moins de 60 ans, ce qui implique qu’ils ne remplissent pas encore totalement les services écosystémiques qu’ils pourraient.

 

Le dérèglement climatique, une pandémie à enrayer d’urgence

Les canicules récurrentes, liées au dérèglement climatique, affaiblissent les arbres. Cette moindre résistance, couplée à l’augmentation des températures, permet à des nombreux parasites de proliférer et explique les sombres constats dressés ci-dessus.

L’ensemble de ces données aboutit à la même conclusion depuis plusieurs années : nos forêts, jusqu’ici de véritables puits de carbone, sont très fragilisées. Au-delà de leur capacité de stockage des gaz à effet de serre, en régression, rappelons qu’elles rendent un grand nombre de services écosystémiques : préservation de la biodiversité, des ressources en eau, régulation du climat, apport de fraicheur, fixation et régénération des sols… Ces services sont essentiels au maintien de la vie sur la planète, et pourtant, nos activités les détruisent massivement. Il est urgent que tous, membres de la société civile comme des instances politiques, nous agissions en écoutant, en soutenant ceux qui s’engagent chaque jour pour préserver les forêts !

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