Vos friandises au chocolat ne sont pas aussi douces que vous le pensez…

 

 

Notre communauté souhaite attirer l’attention de tous sur une question cruciale liée à nos habitudes festives : la consommation de chocolat à Noël. Si le chocolat est depuis longtemps synonyme de douceur et de réconfort, derrière chaque délicieuse bouchée se cache souvent un sombre secret.

La production de cacao, un facteur de la déforestation

La production de cacao est l’une des principales causes de déforestation dans le monde et dévore en particulier les forêts d’Afrique de l’Ouest et d’Amérique Latine. Selon Mighty Earth, le premier pays producteur de cacao, la Côte d’Ivoire a perdu ces trente dernières années 90 % de ses forêts dont un tiers peut être attribué à la production de cacao. Ce désastre écologique peut largement être attribué à l’augmentation de la consommation de chocolat de ces quarante dernières années, alimenté par la pauvreté des producteurs et productrices de cacao.

Quelles conséquences ?

Premièrement, la déforestation contribue au réchauffement climatique car les forêts ne peuvent plus jouer leur rôle de régulateur et le réchauffement climatique contribue à la déforestation par les feux de sécheresse qu’il intensifie, c’est un cercle vicieux !

Deuxièmement, la déforestation prive de nombreux animaux et plantes de leur habitat naturel, entraînant une perte de biodiversité irréparable. Des espèces uniques disparaissent comme les gorilles ou les chimpanzés et, avec elles, des écosystèmes vitaux qui assurent l’équilibre de notre planète.

Troisièmement, la déforestation liée à la production de cacao est encore exacerbée par la baisse de productivité due à de mauvaises pratiques agricoles, ce qui pousse les agriculteurs à défricher davantage de zones forestières. Planter du cacao dans des terres défrichées apporte un avantage économique à court terme par rapport à la réhabilitation d’anciennes cacaoyères.

Et enfin, elle contribue à accroître la pauvreté. Parmi le million de cacaoculteurs et cacaocultrices en Côte d’Ivoire et les 800 000 au Ghana, jusqu’à 90% ne touchent pas un revenu vital, c’est à dire un revenu qui leur permette de se nourrir, se loger, avoir accès aux soins et à l’éducation, et entre une à deux personnes sur trois vivent sous le seuil de pauvreté fixé par la Banque mondiale. Cela les contraint à des pratiques agricoles non durables et des pratiques de travail irresponsables. Les agriculteurs impliqués dans cette culture sont souvent pris au piège dans un cycle de pauvreté sans fin, avec peu d’alternatives viables.

Assumer nos responsabilités : une approche collective

Face à cette réalité préoccupante, il est essentiel que toutes les parties prenantes prennent leurs responsabilités et s’engagent dans des actions concrètes Nous appelons les gouvernements, les entreprises et les consommateurs à s’unir dans un effort collectif pour parvenir à une production et une consommation durables de cacao.

  1. Les consommateurs jouent un rôle essentiel dans le changement.

En apprenant davantage sur l’origine du cacao et en consommant du chocolat de manière raisonnée. Des outils comme le “Chocolate Scorecard” peuvent aider à identifier les marques qui prennent les mesures les plus fortes en faveur des producteurs et de la planète. En choisissant des produits portant des labels de certification reconnus et indépendants des marques qui les commercialisent, les consommateurs peuvent encourager une production de cacao responsable et afficher leur soutien en faveur de pratiques respectueuses de l’environnement.

  1. Les acteurs de l’industrie du cacao doivent intensifier leurs efforts pour mettre en œuvre des pratiques respectueuses de l’environnement, tout en garantissant des revenus décents et des conditions de travail équitables pour les producteurs.

Comme le rappelle l’ONG OXFAM dans son rapport « Towards a Living Income for Cocoa Farmers in Ghana » (“Vers un revenu vital pour les producteurs de cacao au Ghana”) de mai 2023, les grandes entreprises de chocolat enregistrent d’énormes profits mais ne paient pas des prix qui permettent d’assurer un revenu vital aux producteurs et productrices de cacao du Ghana. Toutes les entreprises du secteur doivent entre autres, payer un prix minimum qui garantisse un revenu vital, s’engager dans des contrats à long terme avec leurs fournisseurs, et développer un système permettant la répartition du revenu des producteurs tout au long de l’année, réduisant ainsi leur vulnérabilité lors des mois difficiles. La mise en place de ces pratiques n’augmenterait pas significativement le prix pour le consommateur. Nous rappelons, en effet, que le prix du cacao ne représente que 11% du prix d’une tablette de chocolat noir, alors que 70 % de la valeur et 90 % des marges totales générées reviennent aux deux derniers acteurs de la chaîne : les marques et les distributeurs.

Ces entreprises doivent aussi s’engager à assurer la transparence de leurs chaînes d’approvisionnement. Il est essentiel qu’elles identifient les zones de déforestation et travaillent activement à restaurer les terres dégradées et à promouvoir la conservation de la biodiversité.

  1. Les gouvernements des pays producteurs de cacao doivent mettre en place des lois strictes contre la déforestation, promouvoir l’agroforesterie et soutenir les producteurs d’exploitations familiales dans leur transition vers des méthodes de production durables.

Nous saluons par ailleurs, les efforts de la Commission européenne qui a adopté une législation obligeant les entreprises à effectuer des contrôles de vigilance renforcés pour prévenir l’importation de cacao liés à la déforestation sur leurs marchés respectifs. Fin 2024, l’importation de cacao dans l’Union Européenne sera interdite s’il provient de terres déboisées après décembre 2020. Les entreprises devront retracer l’origine des fèves de cacao et assurer que leur production n’a pas eu d’impact sur les forêts. Nous restons cependant vigilants sur la bonne mise en œuvre de cette législation.

Les producteurs et la biodiversité ne peuvent plus attendre ! Les paroles des multinationales ne suffisent plus, agissons maintenant pour que demain soit plus doux et plus vert. Nous lançons donc un appel à tous les acteurs concernés : consommateurs, entreprises, gouvernements, et producteurs, à se mobiliser pour protéger nos forêts, notre climat et notre avenir commun.

Ensemble, nous pouvons faire une différence significative et créer un monde où le chocolat peut être savouré sans culpabilité.

 

Sources :

1) Across all data sets, many households (30–58%) earn a gross income below the World Bank extreme poverty line and the majority (73–90%) do not earn a Living Income” J.A. van Vliet, M.A. Slingerland, Y.R. Waarts, and K.E. Giller. (2021). A Living Income for Cocoa Producers in Côte d’Ivoire and Ghana? Frontiers in Sustainable Food Systems, 5, 732831. Retrieved 13 https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fsufs.2021.732831/full

2) FAO et BASIC. 2020. Comparative study on the distribution of value in European chocolate chains. https://lebasic.com/wp-content/uploads/2020/07/BASIC-DEVCO-FAO_Cocoa-Value-ChainResearch-report_Advance-Copy_June-2020.pdf

 

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